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Les prix négatifs de l’électricité : un symptôme d’un système en mutation

En 2024, la France a connu près de 360 heures de prix négatifs sur le marché de gros de l’électricité, soit environ 4 % du temps selon RTE1. Ce phénomène, encore rare il y a quelques années, tend désormais à se banaliser. Il s’est accentué : en 2025, les prix ont été négatifs 8 % du temps, contre à peine 1 % trois ans plus tôt2.

Cette situation résulte de la forte croissance des énergies renouvelables, dont la production est variable, et d’une demande parfois insuffisante pour absorber l’ensemble de l’électricité injectée sur le réseau.

Prix négatifs de l’électricité : que se passe-t-il sur les marchés ?

Un prix négatif signifie que les producteurs paient pour écouler leur électricité. Cette situation survient lorsque l’offre dépasse largement la demande et que le réseau, qui ne peut stocker l’énergie, doit impérativement rester équilibré.

L’essor des énergies renouvelables, souvent intermittentes (éolien et solaire), explique en grande partie cette évolution. Lorsqu’elles produisent massivement, par grand vent ou fort ensoleillement, sans que la demande suive, le réseau est saturé. Parallèlement, certaines centrales dites inflexibles (nucléaires ou thermiques) ne peuvent pas être arrêtées facilement : il leur coûte souvent moins cher de vendre à perte que de redémarrer plus tard . Ces épisodes, concentrés le plus souvent en été ou le week-end, sont donc un signal de marché incitant producteurs et consommateurs à ajuster leurs comportements.

Des effets contrastés pour les grands consommateurs

L’idée que les prix négatifs profitent aux grands consommateurs, industriels ou tertiaires, est largement surestimée. En pratique, les bénéfices restent limités. D’abord parce que ces périodes sont brèves et surviennent souvent à des moments où la demande industrielle est plus faible. Adapter une production lourde pour quelques heures d’électricité bon marché n’est ni simple ni rentable.

Ensuite, la facture énergétique ne se résume pas au prix spot : elle inclut les taxes, les coûts d’acheminement et les contrats d’approvisionnement à long terme, qui neutralisent ces variations ponctuelles. Enfin, la volatilité du marché complique la planification et augmente les risques pour les entreprises. Pour certaines, la multiplication des prix négatifs n’apporte pas d’économies mais davantage d’incertitude .

Un avertissement sur la flexibilité du système électrique

Au-delà de leur aspect spectaculaire, les prix négatifs révèlent un besoin urgent d’adaptation du système électrique. Ils soulignent la nécessité d’investir dans :

  • le stockage d’électricité
  • la modulation de la demande via l’effacement de consommation,
  • des interconnexions plus fortes entre pays
  • davantage de mécanismes de soutien aux énergies renouvelables.

Le gestionnaire de réseau RTE prévoit ainsi 100 milliards d’euros d’investissements pour renforcer la flexibilité et moderniser les infrastructures3.

En définitive, les prix négatifs restent l’indicateur d’un système sous tension. Ils rappellent que la transition énergétique ne consiste pas seulement à produire plus d’électricité verte, mais à la consommer au bon moment et à adapter les outils du marché à cette nouvelle réalité.
 

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