
Le monde n’atteindra pas l’objectif de triplement des énergies renouvelables d’ici 2030
Publié le 20.10.2025
La croissance des énergies renouvelables dans le monde se poursuit, mais à un rythme insuffisant pour respecter l’engagement pris lors de la COP28 de Dubaï : tripler les capacités d’ici 2030. Selon le dernier rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la capacité issue du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique atteindra 2,6 fois son niveau de 2022, un progrès notable mais en deçà des ambitions mondiales.
Malgré ce ralentissement, la transition énergétique franchit un cap historique : au premier semestre 2025, les énergies renouvelables ont produit plus d’électricité que le charbon (34,3 % contre 33,1 %), d’après le think tank Ember. Une avancée symbolique, mais qui ne suffit pas à compenser le frein observé sur les grands marchés mondiaux.
États-Unis et Chine : deux poids lourds en repli
Deux évolutions majeures expliquent la révision à la baisse des prévisions :
- Aux États-Unis, la fin anticipée de plusieurs incitations fiscales fédérales et les ajustements réglementaires ont conduit l’AIE à diviser par deux ses prévisions de nouvelles capacités par rapport à 2024.
- En Chine, le passage des tarifs réglementés à un système d’enchères pour l’achat d’électricité renouvelable a fragilisé la rentabilité des projets.
La Chine reste le premier investisseur en matière d’énergies renouvelables dans le monde. Un recul des investissements dans ce pays entraîne mécaniquement une baisse des projets renouvelables et explique la dynamique mondiale.
Des régions plus dynamiques ailleurs
Ce repli est contrebalancé par la vitalité d’autres zones. « Ces ajustements sont en partie compensés par le dynamisme d'autres régions », explique l’AIE.
- L’Inde s’impose comme le deuxième marché mondial de croissance, avec une capacité appelée à être multipliée par 2,5 en cinq ans.
- Dans l’Union européenne, les perspectives s’améliorent légèrement grâce à l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Pologne.
- Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord voient leurs prévisions bondir de 25 %.
Au total, l’AIE anticipe 4 600 GW de nouvelles capacités renouvelables d’ici 2030, soit l’équivalent de la production combinée de la Chine, de l’Union européenne et du Japon, mais loin des 5 500 GW nécessaires pour atteindre le triplement visé.
Le solaire reste le moteur du mix énergétique
Le solaire photovoltaïque continue sa croissance. Il représente 80 % des nouvelles capacités prévues sur les cinq prochaines années. L’éolien terrestre progresse, mais plus lentement qu’espéré, et l’éolien en mer subit un recul aux États-Unis et en Europe à cause de politiques fluctuantes.
De son côté, l’hydroélectricité retrouve un rôle clé pour équilibrer les réseaux électriques. Enfin, bien que peu développée en France, la géothermie connaît un formidable essor dans plusieurs pays (États-Unis, Japon, Indonésie).
Le défi de la flexibilité électrique
L’AIE souligne que le déploiement des renouvelables a déjà permis de réduire les importations de combustibles fossiles. Mais pour intégrer efficacement ces énergies intermittentes, il convient d’accroître la flexibilité des réseaux.
D’ici 2030, près de 30 % de l’électricité mondiale sera issue de sources variables. Pour éviter les déséquilibres et les “prix négatifs”, les États devront investir massivement dans le stockage, la gestion intelligente des véhicules électriques (V2G) et des dispositifs de pilotage de la demande.