
Bioénergie : définition, avantages et inconvénients
Publié le 10.07.2025
Souvent éclipsée par le solaire et l’éolien, une autre source d’énergie verte gagne du terrain : la bioénergie. Produite à partir de matières organiques comme le bois, les déchets alimentaires ou certaines cultures, elle permet de générer de la chaleur, de l’électricité ou même du carburant. Locale, accessible, mais parfois sujette à débat, elle joue un rôle essentiel dans la transition énergétique. Comment fonctionne-t-elle ? Est-elle vraiment respectueuse de l’environnement ? On vous dit tout.
Qu’est-ce que la bioénergie ?
La bioénergie, c’est tout simplement l’énergie produite à partir de la biomasse. Et la biomasse, c’est quoi ? Ce sont toutes les matières organiques d’origine végétale ou animale : bois, résidus agricoles, déchets alimentaires, fumier, algues, etc.
Ces matières, qui semblent inutiles une fois jetées, sont en réalité des sources d’énergie. Grâce à différents procédés, elles peuvent être transformées en chaleur, en électricité ou en carburant. En d'autres termes, la bioénergie donne une seconde vie à nos déchets tout en produisant de l’énergie.
Les différentes sources de biomasse
Il existe plusieurs types de matières utilisées pour produire de la bioénergie :
- Le bois : c’est la source la plus utilisée dans le monde. On parle ici de bûches, mais aussi de résidus de scierie, de sciure ou de copeaux.
- Les résidus agricoles : tiges de maïs, paille, balles de riz, etc. Des parties de plantes souvent considérées comme inutiles.
- Les cultures énergétiques : certaines plantes sont cultivées spécialement pour produire de l’énergie, comme le miscanthus ou le sorgho.
- Les déchets organiques : restes alimentaires, tontes de pelouse, fumier, déchets de cuisine… autant de matières qu’on peut valoriser au lieu de les jeter.
💡 Bon à savoir :
En France, la biomasse solide, c’est-à-dire l’utilisation du bois comme source de chaleur, est la principale énergie renouvelable. Elle représente à elle seule 33% de la production d’énergie verte. Ce sont surtout les particuliers qui y ont recours, notamment à travers l’usage de poêles à granulés ou à pellets.
Comment produit-on cette énergie ?
Il existe plusieurs façons de transformer la biomasse en énergie utile. Voici les principales :
La combustion
C’est la méthode la plus simple et la plus ancienne. On brûle du bois, des résidus végétaux ou d'autres matières organiques pour produire de la chaleur. Cette chaleur peut chauffer un bâtiment ou produire de la vapeur, qui fera tourner une turbine pour générer de l’électricité.
La digestion anaérobie
C’est un processus naturel qui utilise des micro-organismes. Dans un environnement sans oxygène, ces petits êtres vivants "mangent" les déchets organiques (comme le fumier ou les épluchures) et produisent du biogaz. Ce gaz, riche en méthane, peut ensuite être utilisé pour cuisiner, se chauffer ou faire rouler un véhicule.
La fermentation
C’est le même principe que pour fabriquer de l’alcool. On transforme des matières végétales, comme la canne à sucre ou le maïs, en éthanol. Ce liquide est ensuite utilisé comme biocarburant pour les voitures, souvent mélangé à l’essence.
La gazéification et la pyrolyse
Ce sont des méthodes plus complexes, qui consistent à chauffer la biomasse à très haute température. Cela permet d’en extraire du gaz de synthèse ou de l’huile (biohuile), qui peuvent être utilisés comme combustibles.
À quoi sert la bioénergie aujourd’hui ?
Les usages de la bioénergie sont très variés :
- 🏠Chauffage domestique : les poêles à granulés ou les chaudières à bois modernes offrent un chauffage propre et efficace.
- 💡Production d’électricité : certaines centrales fonctionnent uniquement à partir de biomasse ou de biogaz.
- 🚌Transport : de plus en plus de bus roulent avec du biodiesel ou du biogaz.
- 🏭Industrie : des usines utilisent leurs propres déchets (comme la sciure ou les écorces) pour produire la chaleur nécessaire à leur fonctionnement.
💡Bon à savoir :
La bioénergie représente environ 10 % de la consommation mondiale d’énergie primaire. En Europe, elle est la première source d’énergie renouvelable, devant l’éolien et le solaire.
✅ Quels sont les avantages de la bioénergie ?
La bioénergie a de nombreux atouts :
- Une source d’énergie renouvelable par nature : Contrairement aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), issues de ressources limitées et non renouvelables, la biomasse — matière organique d’origine végétale ou animale — peut être régénérée en quelques mois ou années.
- Une valorisation intelligente des déchets : La bioénergie permet de transformer en ressources des matières qui seraient autrement perdues ou enfouies : déchets agricoles, effluents d’élevage, boues de stations d’épuration, restes alimentaires, etc.
- Une production locale : La bioénergie peut être produite et utilisée localement, dans des territoires urbains comme ruraux. Cette proximité réduit les besoins en transport, diminue les pertes d’énergie liées au réseau, et favorise la résilience énergétique des territoires.
- Création d’emplois : La filière bioénergie génère des emplois dans de nombreux secteurs : agriculture, exploitation forestière, collecte et tri des déchets, logistique, transformation industrielle (méthanisation, cogénération, etc.), installation et maintenance des équipements.
❌ Et les limites ?
La bioénergie n’est pas parfaite, voici quelques inconvénients à cette énergie :
- Un rendement énergétique variable : Toutes les biomasses ne se valent pas. Selon leur nature (bois, résidus agricoles, biodéchets, cultures dédiées…), leur taux d’humidité, leur densité énergétique ou leur méthode de transformation, le rendement énergétique peut considérablement varier.
- Des impacts environnementaux potentiels : Mal utilisée, la bioénergie peut devenir source de déséquilibres écologiques. La surexploitation forestière pour la production de bois-énergie peut mener à une déforestation non durable, compromettant la biodiversité et les puits de carbone naturels. De même, les cultures énergétiques intensives (maïs, colza, canne à sucre…) peuvent favoriser la dégradation des sols, la pollution des eaux ou la perte de milieux naturels.
- Des émissions à surveiller : Contrairement à une idée reçue, la combustion de biomasse n’est pas neutre en carbone à court terme. Certes, le CO₂ émis lors de la combustion est théoriquement réabsorbé par la croissance des végétaux, mais cela suppose une gestion durable des cycles de production. Par ailleurs, si la combustion est mal maîtrisée (absence de filtres, technologies obsolètes), elle peut libérer des polluants atmosphériques : particules fines, oxydes d’azote, composés organiques volatils.
- Une compétition avec l’alimentation : Enfin, certaines filières de bioénergie reposent sur des cultures alimentaires (maïs pour le biogaz, betterave pour l’éthanol, huile de palme pour le biodiesel). Cela peut générer une compétition entre l’usage énergétique et l’usage alimentaire des terres agricoles.