guirlande lumineuse dans un café

Sécurité d’approvisionnement en électricité : été assuré, tensions en vue pour l’hiver

L’épidémie de Covid-19 affecte le système électrique français (voir à ce sujet votre newsletter du mois dernier). Dans ce contexte particulier, RTE estime que la sécurité d’approvisionnement sera assurée cet été. 
Côté production, la disponibilité moyenne du parc nucléaire devrait être inférieure de plus de 12 000 MW par rapport à l’été dernier. En effet, plusieurs réacteurs seront indisponibles soit en raison de l’épidémie de Covid-19 (qui a engendré une prolongation des durées d’arrêt), soit préventivement pour assurer la disponibilité de certaines tranches lors de l’hiver prochain. A ce jour, seul 54% du parc nucléaire est disponible. A l’inverse, le stock hydraulique est très sensiblement supérieur à celui de l’été dernier. 
Côté consommation, des situations de canicule (éventuellement de forte intensité) et de sécheresse (potentiellement longue), qui peuvent d’ailleurs se cumuler, amèneraient un surcroît de consommation. 
Dès lors, comment garantir que la sécurité d’approvisionnement sera assurée ? Grâce aux importations. RTE anticipe ainsi que le besoin d’import pourrait atteindre 9 200 MW mi-juillet. Un besoin couvrable puisque le réseau de transport d’électricité peut importer près de 11 000 MW en provenance de l’Allemagne et de la Belgique (4 200 MW), de l’Espagne (2 600 MW), de l’Angleterre (2 000 MW), de la Suisse (1 100 MW) et de l’Italie (1 000 MW). 

Pour l’hiver 2020-2021, la situation pourrait en revanche être plus tendue dans un contexte de situation dégradée selon RTE. Ce dernier anticipe 6 000 MW de capacités nucléaires non disponibles sur les mois de novembre et décembre et 3 000 MW en février, par rapport au planning prévisionnel (établi avant la crise sanitaire). En cas de grand froid, RTE pourrait être amené à actionner tous les leviers à sa disposition (interruptibilité chez les très gros consommateurs industriels concernés, effacement, etc.), soit une réserve de 7 000 à 8 000 MW avant de devoir – solution ultime – recourir à des délestages.

Dans cette situation inédite, les pouvoirs publics ont appelé à une très grande vigilance. Et ils ont annoncé une série de mesures pour tenter de réduire les tensions anticipées pour l’hiver prochain : 

  • l’Ademe (l’Agence de la transition écologique) lancera une campagne de sensibilisation aux éco-gestes en matière d’énergie
  • l’opération « coup de pouce thermostat » offrira une prime de 150 euros aux particuliers s’équipant de thermostats intelligents. Cette mesure est financée par les certificats d’économie d’énergie
  • les contrats de performance énergétique dans le secteur tertiaire bénéficieront d’un bonus
  • le plafond de rémunération des appels d’offres effacement sera doublé (passant de 30 000 €/MW à 60 000 €/MW). A noter, les offres d’effacement opérationnelles dès cet automne pourraient prétendre à un bonus

Une série de mesures visant à renforcer la flexibilité du système électrique français qui pourrait être très sollicité en cas de vague de grand froid.